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Anecdote sur une photographie

Retour sur une image et son approche.

Comme dans tous les voyages, on peut être très méticuleux sur les endroits à visiter ou laisser simplement faire le hasard. Ce fut le cas d’un lieu très particulier en Islande.
Ma première démarche était de me laisser bercer par les tracés routiers et contempler d’un oeil neuf les paysages volcaniques de ce merveilleux pays. À ce moment précis, il s’agissait juste de rejoindre une route qui devait me mener vers le nord de l’île en contournant le Fjord Hvalfjörður dénommé la « Baie des baleines ». Sous cette appellation pittoresque, ce passage non obligé, car il existe une voie plus rapide,  cache une histoire bien moins reluisante que son nom.

Hofudborgarsvaedid. Iceland
Le passage du temps

Une petite histoire colorée de rouge.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le fjord hébergeait une base militaire à partir de laquelle Américains et les Britanniques lançaient leurs convois de marchandises (camions, avions, jeeps, vivres, carburant, munitions, matières premières) en mer arctiques pour rejoindre la Russie. C’est en 1948 que la société Islandaise Hvalur HF achète cette ancienne base navale américaine dans le Hvalfjörður et la transforme en une station baleinière.
Ce fjord est un lieu privilégié et sert encore deux activités bien distinctes. L’observation de cétacés pour les touristes mais également, quand vient la période de la chasse, le dépeçage des baleines. La chasse à la baleine est encore une activité traditionnellement bien ancrée et reste pourtant controversée dans ce pays.

Un lieu déserté.

Ce n’est pas tant le lieu qui sert actuellement de plateforme pour cette activité contestable qui m’a fait m’arrêter pour ce cliché. C’est plutôt ce qui se situe en face de la baie. De loin, une structure imposante reconnaissable et complètement rouillée et des bâtiments de bétons alentours qui, a un moment ou un autre, ont servis à une activité militaire ou civil et depuis, sont laissés à l’abandon. Un demi tour sur la route, et me voilà en chemin vers un lieu plein de promesses photographiques. De près, l’accès est bloqué aux véhicules mais un chemin pédestre y mène. En se rapprochant, c’est la vision d’un site dotés de constructions de béton affaissés, sorte de bunkers, usés par le temps et l’oubli, qui fait resurgir des souvenirs lorsque je me promenais enfant sur les plages de Normandie. C’est surtout cet immense ponton d’accostage couleur rouille à présent inaccessible au vu de son délabrement sur lequel j’ai décidé de sortir tout l’attirail photographique.
Lors de mon bref parcours sur cette étendue désertée par l’homme, il régnait une sorte d’impression trouble, une persistance qui n’invitait pas à s’attarder. La fin du jour arrivant, le soleil presque rasant donnait une teinte significative à ce lieu chargé d’une empreinte indélébile sur l’acharnement de l’homme à poser ses fondations et qui, du haut de son ego, laisse derrière lui ses illusions.

Lieu: Hofudborgarsvaedid. Fjord de Havlfjordur. Vesturland. Islande. 05 septembre 2016
Technique : ISO 400, focale 55mm, f/13, pose longue 10 secondes, filtre LEE

Vous pouvez retrouver le cliché « Le passage du temps » sous la rubrique boutique

Crédit photos et texte : Christophe Moratal / Photophore Studio